Au Niger, le paysage juridique lié au trafic illicite de migrants subit un changement significatif sous le régime militaire en place.


Une loi cruciale, votée en 2015, qui imposait des peines allant de "un à trente ans de prison" et des amendes substantielles de "3 millions à 30 millions de francs CFA" (4 500 à 45 000 euros) aux trafiquants de migrants, a été abrogée.


Le gouvernement militaire nigérien, dirigé par le général Abdourahamane Tiani, a pris cette décision, remettant en question la légitimité de cette loi initiale. Le communiqué officiel du gouvernement suggère que cette législation avait été instaurée "sous l'influence de certaines puissances étrangères" et était en "contradiction flagrante avec nos règles communautaires", ne prenant pas en compte les intérêts nationaux.


L'ordonnance signée par le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) stipule que toutes les condamnations prononcées en vertu de la loi abrogée sont effacées à compter du 26 mai 2015. Ce changement intervient dans le contexte d'une surveillance renforcée dans la région d'Agadez, point de transit majeur pour les migrants ouest-africains cherchant à atteindre l'Europe via l'Algérie ou la Libye, avec le soutien financier de l'Union européenne.


Bien que la loi de 2015 ait conduit à des arrestations et à la confiscation de véhicules utilisés par les trafiquants, elle n'a pas réussi à dissuader les migrants, qui ont souvent changé leurs itinéraires pour emprunter des routes plus dangereuses à travers le désert. Les opérations de sauvetage dans le Sahara demeurent fréquentes, soulignant les défis persistants liés à la migration clandestine.


Dans le contexte de ces développements, le Niger, dirigé par le général Tiani depuis juillet, semble s'éloigner de ses partenaires européens pour renforcer ses liens avec d'autres voisins dirigés par des militaires, à savoir le Mali et le Burkina Faso. La décision d'abroger cette loi emblématique soulève des questions sur les orientations politiques du nouveau gouvernement militaire et sur la manière dont il abordera la gestion des flux migratoires dans les mois à venir.

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